Hervé Beuze
Hervé Beuze revendique son ancrage martiniquais, son histoire (personnelle et collective), sa sensibilité aux matériaux de son enfance comme déterminants dans son œuvre. Il préfère un art qui éveille les consciences à celui qui cible essentiellement la délectation visuelle et le marché. Sans compromis, il préfère vivre de l’enseignement et des arts appliqués, pour garder une liberté de création. Il a souvent créé des œuvres éphémères dans des espaces non dévolus à l’art (espaces naturels essentiellement). Son art cherche à exprimer « l’être antillais » dans un projet qui a nécessairement des implications politiques mais qui ne souhaite pas s’enfermer dans une logique identitaire dure. Il cherche un dispositif plastique qui exprime les tensions et contradictions des Caraïbes et de leur histoire. Ainsi ses œuvres s’ancrent dans une culture et s’ouvrent sur le monde dans la continuité des grands artistes plasticiens de la Martinique comme Ernest Breleurou Joseph René-Corail mais aussi des auteurs comme Aimé Césaire ou Edouard Glissant. Il explique : « Je fais un travail d’historien sensible, artistique, plastique ». (Portrait de Hervé Beuze, vidéo de Zouk TV publiée sur YouTube le 13 janvier 2016)
La diversification des pratiques lui permet de nourrir sa créativité même si le volume, la sculpture et les installations sont ses pratiques privilégiées. Pour lui les matériaux (allant de la canne à sucre au fer) sont reliés à son territoire et à sa culture. À travers eux, mais aussi à travers des techniques (comme l’assemblage) il exprime une réalité martiniquaise en convoquant l’histoire, le sensible, les gestes d’une population (par exemples, ceux des pêcheurs, des agriculteurs, la récupération, l’assemblage…). Pendant plusieurs années, il choisit l’image de la carte de la Martinique comme représentation de l’espace de l’île, l’espace d’un certain vivre ensemble, d’une culture multiforme et partagée. Cette carte présentée horizontalement dans des installations au sein d’environnements naturels, sera souvent redressée, présentée à la verticale, à échelle humaine et interprétée en de multiples matériaux. Hervé Beuze explique : « La carte de la Martinique est depuis longtemps un élément récurrent dans ma pratique plastique ; Qu’elle soit peinte ou faite d’assemblage de matériaux symboliques, la carte constitue à chaque fois une tentative de dire le Nous collectif » (in Singaïny Patrick, « À propos de l’exposition “Mes Martiniques” de Hervé Beuze (juin 2009) », site Madinin’Art : critiques culturelles de Martinique).