Histoire du lieu
Cette villa bourgeoise, construite en 1865 par Claude-Philippe Dusonchet, syndic puis Maire d’Annemasse (1854-1871) siège au milieu d’un parc arboré d’une superficie d’1,7 hectares. La propriété est rachetée par la Ville d’Annemasse en 1930 et vouée à la création d’un jardin public.
La villa, composée de douze pièces, de caves voûtées, d’une véranda – dont la couverture sert de balcon à l’étage – abrite successivement la Justice de Paix et le Commissariat de Police.
En 1982, un groupe d’artistes, d’industriels et de personnalités du monde socio-éducatif rencontre le Maire d’Annemasse Robert Borrel (1977-2008) et son conseil municipal pour demander la création d’un lieu permanent d’exposition. L’association « Villa du Parc » est alors créée afin de gérer et de faire vivre un « centre d’exposition et d’échanges permanents ». Aidée par le soutien financier de la Ville, de l’État, du Conseil Général, mais aussi du mécénat d’industriels, la Villa du Parc ouvre ses portes en 1986 avec sa première exposition « Art et Industrie » (21 juin-15 août).
En 2006, une extension du bâtiment est réalisée par le vitrage de la véranda, permettant ainsi un geste architectural moderne avec l’ouverture du bâtiment vers la rue de Genève. Cette véranda abrite aujourd’hui un espace d’accueil et un espace d’exposition.
Les façades Est et Nord de la Villa du Parc ont fait l’objet de commandes murales spécifiques, reflétant l’activité artistique de la Villa à l’extérieur du bâtiment.
Légers décalages sur la façade Est (rouge) a été réalisée par l’artiste français Christophe Cuzin en 2006. C’est une peinture murale du plan exact de la façade à échelle 1, incliné de 15°, révélant par ce décalage le dessin architectural du bâtiment. En faisant le plan de façade le but même de l’œuvre, il joue sur la correspondance entre l’illusion et la réalité, le pictural et l’espace architectural, la façade peinte et la réalité de la façade. Cette œuvre offre un regard joyeux et espiègle sur la peinture dans l’espace public, représentant le support lui-même de son intervention, par un jeu de couleurs, de lumière et de spatialisation de la peinture.
En 2011, c’est Clément Laigle qui est choisi pour peindre la façade Nord du centre d’art dans le cadre de son exposition personnelle Losing Sight.
Puis la façade Nord a été investie par une œuvre de l’artiste suisse Didier Rittener en 2014. Ce dessin monumental, réalisé manuellement au crayon graphite, représente des formes géométriques en perspective et extraites de peintures de Kasimir Malevitch, l’un des pionniers de l’abstraction moderne. Le graphite, pris dans le crépi de la maison, vibre selon la lumière et la densité du dégradé de gris sur chaque forme, qui donne à la façade un aspect dansant et aérien. Elle a été effacée en 2019.
En 2021 c’est Renée Levi, à l’occasion de son exposition Aimée à la Villa du Parc, qui réalise une peinture murale fonctionnant comme signature et hommage. Cette peinture associe deux outils et deux gestes a priori antagonistes : le scotch, qui dessine et fixe des lignes, est typique de la peinture géométrique moderne, et le spray, qui projette la couleur, renvoie au tag et à la culture urbaine. ée, c’est Renée et son blaze de graffeuse. C’est aussi Aimée (Stitelmann), une femme qu’on honore parce qu’elle sauva des enfants juifs pendant la Seconde guerre mondiale en leur faisant passer la frontière franco-suisse près d’Annemasse. C’est enfin toutes les « ée ».s dont la voyelle inclusive s’universalise ici, en toute sororité. Graphiques et colorées, é et e avancent main dans la main, déployant leur boucle et leur couleur bleutée, affirmant fortement le féminin dans l’espace public.
La Villa du Parc en 1996
Clément Laigle, Allia, 2011
Didier Rittener, Façade Nord, crédit Aurélien Mole
Renée Levi, Aimée, 2021, production Villa du Parc, scotch et peintures à la bombe, crédit Aurélien Mole