Première étoile, dernier flocon (versant vidéo)
Gaëlle Boucand, Edouard Decam, Dorian Degoutte, Marine Hugonnier
2016-2017
Marine Hugonnier, The Last Tour, 2004
Dorian Degoutte, Le Grand Vide, 2016
Edouard Decam, Volva, 2016
Gaëlle Boucand, ALPES 500-3000m 2010-1970, 2011
Première étoile, dernier flocon (versant vidéo)
Gaëlle Boucand, Edouard Decam, Dorian Degoutte, Marine Hugonnier
2016-2017
Photographies : Aurélien Mole
Cet été, la Villa du Parc propose de poursuivre sa réflexion sur les représentations contemporaines de la montagne et invite ses visiteurs à découvrir le versant vidéo de son exposition Première étoile, dernier flocon avec quatre films installés dans les espaces du centre d’art contemporain.
Les artistes réunis s’interrogent sur les conditions de connaissance et de regards possibles sur la montagne d’aujourd’hui, territoire marqué depuis deux siècles par une forte colonisation humaine et technologique. Les dispositifs techniques et narratifs adoptés pour filmer sont révélateurs d’une mise à distance critique du format documentaire classique : images tournées avec des caméras de différents modèles qui influent sur notre perception du paysage (Gaëlle Boucand), approche télescopique sur une communauté autochtone en station durant l’intersaison (Dorian Degoutte), ou à l’inverse vision surannée en 16 mm d’une station astronomique en haute montagne (Edouard Decam), fiction autour d’un reportage ultime avant la fermeture des Alpes (Marine Hugonnier). L’imbrication de l’homme et du paysage, leur mise en regard et leur impact réciproques d’un point de vue formel, éthique et scientifique sous-tendent chacun des films.
Alpes de Gaëlle Boucand est un film contemplatif, où la caméra parcourt la végétation présente sur le versant d’une montagne alpine, de l’étage collinéen à 500 mètres d’altitude à l’étage nivéal, au-delà de 3000 mètres. Chaque strate de végétation est filmée à l’aide d’une technologie différente, usant des cinq plus grands formats vidéo ayant existé jusqu’à ce jour : HD, DV, Digital8, HI8, VHS.
Le grand vide de Dorian Degoutte a été tourné à Flaine pendant les deux mois de l’intersaison (mi-avril à mi-juin) lors desquels la station se vide totalement de touristes. Les quelques habitants à l’année de Flaine sont filmés dans leurs activités quotidiennes (jeux des écoliers, matchs de foot improvisés) que certains éléments rendent mystérieuses. Le tournage à la lunette astronomique et en plongée accroît le sentiment d’observer d’un point de vue surplombant une tribu isolée et autarcique aux rituels d’une inquiétante étrangeté.
Dans Volva, Edouard Decam filme l’observatoire astronomique du Pic du Midi de Bigorre (Pyrénées françaises), une architecture de béton installée en haute altitude dans un environnement épargné de toute pollution sonore ou lumineuse. Pendant une vingtaine de minutes, en 16mm, se succèdent les gestes mécaniques et mystérieux de cette antenne téléscopique dont on ne sait si elle sonde le proche ou le lointain. La bande sonore, mêlant des captations sur site et des émissions radio de provenance inconnue amplifie ce ballet infini et de haute précision d’où la présence humaine semble avoir totalement disparu. Les dimensions spatiales et temporelles sont ainsi suspendues, ouvrant à l’interprétation et la fiction.
The Last Tour de Marine Hugonnier se présente comme un dernier voyage dans les Alpes et le parc naturel du Matterhorn avant une fermeture définitive des sites et leur effacement des cartes géographiques. Les images filmées et les points de vue renvoient aux représentations culturelles et visuelles de ces paysages (le Cervin dans son profil le plus iconique, le point de vue depuis un ballon comme dans les premières vues aériennes au XIXème siècle, le gros plan sur les animaux sauvages) et multiplient les métaphores, oscillant entre le souvenir de la découverte et l’épuisement actuel (des images, des paysages). The Last Tour fait partie d’une trilogie de films consacrés à des paysages aux enjeux anthropologiques et culturels, filmés par le prisme de dispositifs de vision, comme le panorama, le travelling, le point de vue, …
Pour Marine Hugonnier, courtesy galerie Nogueras Blanchard; pour Gaëlle Boucand, courtesy Red Shoes Productions; La Villa du Parc remercie particulièrement Rebeca Blanchard, Serge Crozet et Andrea Rodriguez Novoa.
Née en 1980, elle vit et travaille à Lisbonne. Sa pratique se concentre sur la réalisation de documentaires de création. Ses films ont été primés dans des festivals tels que le FID Marseille ou Pantin et montrés dans de multiples institutions artistiques internationales.
Ses films s’attachent à de petites communautés réunies autour d’une pratique ou aux trajectoires de personnages singuliers. Elle vient d’achever une trilogie de moyen-métrages consacrés à un français âgé exilé fiscal en Suisse, qui a été diffusée et primée dans de nombreux festivals.
Né en 1991 vit et travaille à Annecy. Il est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art de l’Agglomération d’Annecy.
Il a été en résidence au Centre d’Art de Flaine pendant 2 mois en 2016. Son travail a été présenté à l’Arteppes et à la Fondation Salomon à Annecy.
Né en 1978, vit et travaille entre Argut-Dessus dans les Pyrénées et Barcelone.
Architecte diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux et de l’Université Publique d’Architecture de Santiago du Chili, son travail s’intéresse aux croisements entre art et science, et notamment aux architectures scientifiques, leur mouvement interne, et leur enjeu spatio-temporel. Volva a gagné en mai 2017 le prix découverte du festival Loop à Barcelone.
Née en 1968 vit et travaille à Londres. Diplômée du Fresnoy en 2000, elle a bénéficié d’expositions personnelles notamment au FRAC Champagne-Ardenne, au MAMCO à Genève, au Centre d’Art de Neuchâtel.
Elle définit sa démarche cinématographique et artistique comme une politique de la vision et une anthropologie des images. Elle traite de sujets aussi bien formels qu’éthiques à la frontière du documentaire et de la fiction.